Traces et empreintes humaines dans la police scientifique
L'autopsie
Enquête criminelle : L’autopsie
Lors d’une enquête policière scientifique, faire parler les morts peut offrir certaine pistes intéressantes, notamment en ce qui concerne l’identification des suspects. L’autopsie, bien qu’elle ne soit pas une science tout à fait exacte, n’est donc pas à négliger mais à prendre en grande considération.
Pour cerner un suspect, les enquêteurs ont besoin de renseignement spécifique sur le déroulement du crime : son emplacement, ses circonstances, et particulièrement son heure. Un médecin légiste est donc consulté pour dater le décès et déterminer ses conditions.
L’autopsie constitue donc une étape majeure pour l’avance d’une enquête scientifique criminelle.
Autopsie : définition !
Mort violente ? Strangulation ? Étouffement ? Arrêt cardiaque ? Homicide volontaire ? Comment un être humain peut en arrivé jusque la ? Certes, l’homme ne serait pas en mesure de le deviner, mais la science est la pour lui ouvrir des voies et lui offrir des pistes qu’il peut exploiter pour arriver à une conclusion concrète des circonstances d’une mort suspecte.
En quête d’identification d’un cadavre ainsi que des multiples causes de morts suspecte, la police scientifique à recours à l’autopsie médico-légale. Elle fait donc appel à un médecin légiste pour déterminer l’origine et les circonstances d’un décès qui peut être alors criminelle ou accidentelle et ce en examinant toute les parties du corps de la personne décédée, et en effectuant des prélèvements qui seront analysés. Par ailleurs, l’autopsie médico-légale est exigée par une autorité judiciaire tel un magistrat ou encore un juge d’instruction et se fait sous le contrôle de ces derniers. Ceux-ci peuvent éventuellement s’opposer à la réalisation de certaines recherches par le médecin légiste ou encore peuvent lui en conseillée quelques unes.
Cette autopsie permet donc a la police scientifique d’avancer dans ses recherches, notamment en lui permettant de déterminer causes et circonstances de la mort, ainsi qu’en identifiant des traces de viol, d’alcoolisation ou encore d’intoxications apparentes.
Déroulement de l’autopsie
Étape 1 : Suite à l’arrivée du cadavre à l’institut médico-légal.
Une fois le cadavre arrivé à la morgue, ou l’institut médico-légal celui-ci est enveloppé dans une housse. Cependant, toute manipulation direct avec le cadavre et est évité. En effet, tout contact avec le corps est susceptible d’égarer un indice ou de l’endommager. Ce n’est donc qu’après sa radiographie que l’on sort le cadavre de la housse pour prélever l’ensemble de ses caractères physiques dont:
- Poids
- Taille
- Sexe
- Ethnicité
- Couleur des yeux, cheveux
- Marques apparentes sur le corps (tatouage, cicatrice, etc.)
- Empreintes digitales
- Écouvillons des cavités naturelles
- Age (approximation)
Par la suite, les médecins déshabillent le cadavre pour analyser des traces éventuelles apparentes sur les tissus ainsi que les blessures présentes sur le corps.
Étape 2 : Déroulement de l’autopsie
- Le médecin légiste débute l’autopsie par l’examen des parties extérieures du corps et des orifices naturels recherchant des blessures éventuelles qu’ils peuvent contenir.
- Ensuite, ce dernier procède à l’incision de la peau à la recherche de profondes ecchymoses.
Il s’occupe alors de l’incision des différentes cavités du cadavre pour les examinées :
- Pour faire apparaitre la cage thoracique ainsi que la cavité abdominale cachant les organes, le médecin légiste procède à une incision profonde qui va du menton jusqu’aux organes génitaux en passant par le thorax, l’abdomen et le bassin. Puis pour accéder aux principaux organes (cœur, poumons, foie, rate, etc.) le médecin sectionne les côtes.
- Les organes sont alors prélevés, pesés et examinés. Le médecin légiste fait ensuite la dissection de chaque organe à la recherche d’une pathologie quelconque, et observe leur aspect général pour pouvoir déterminer leur état ; soit s’ils sont malades ou pas.
-Le cuir chevelu est découpée au scalpel puis la boite crânienne est ouverte à l’aide d’une scie électrique à plâtre, suite à quoi le médecin légiste retire la peau du crâne et accède au cerveau qui peut présenter des traumatismes mortel tel des hémorragies internes.
- Des prélèvements de sang, d’urine, de bile, d’intestin de peau ou autres (cela peut varier selon l’origine du décès prétendue) sont alors effectués pour être analysés au laboratoire de toxicologie à la recherche de substances toxiques tel des médicaments, ou d’autres illicites tel la drogue, l’alcool, etc.
-Une fois les organes analysés, ces derniers sont remis à leur place d’origine dans le corps et les ouvertures sont recousues, de telle sorte que le corps puisse être remis à l’autorité judiciaire qui le garde à disposition le temps que la famille prenne une décision quand a la date des funérailles (chose qui n’a pas forcément lieu dans tous les pays, cela varie selon les lois. Ainsi, certains corps sont offerts à la science avec l’accord des familles, ou alors certains organes sont offerts à des gens qui en ont besoin pour continuer à vivre.)
- Enfin, la durée d’une autopsie varie entre deux et six heures. En effet, si le légiste trouve des pistes qui puissent le mener à l’origine d’un crime, celle-ci prend plus de temps. Cependant, le travail du légiste n’est achevé qu’une fois le certificat de décès et le rapport d’autopsie rédigés et remis au juge d’instruction qui l’a exigée.
Certaines fois, l’autopsie donnent des résultats très utiles quand aux circonstances du décès. D’autre fois, celle-ci n’est pas concluante, parfois le corps refuse de « discuter ».
A) Quand est ce que le crime a eu lieu ?
Pour dater l’heure du décès de la victime, le médecin légiste emploie différentes techniques jusqu’à obtenir le résultat le plus précis possible.
La rigidité cadavérique :
Dès son arrivée sur les lieux du crime, le médecin légiste examine sur place les rigidités du cadavre, il n’attend pas le retour au laboratoire. En effet, plus on perd du temps, plus on gagne de l’imprécision et plus on s’éloigne de la réalité et donc du cadre temporel du crime.
- A peine quelques heures après le dernier souffle de la victime, les muscles des membres supérieurs (mâchoire, paupières, nuque) subissent des contractions. Ces mêmes contractions viennent par la suite saisir les membres inférieurs.
- Le glycogène présent dans les muscles se détériore et provoque une acidose. Les tissus perdent alors leur souplesse et deviennent rigide à cause de cette élévation du taux d’acidité dans les tissus.
- Des rigidités faciales mettent 3 heures seulement à apparaitre suite au décès, et atteignent le maximum de rigidité à la 8eme heure. Puis, celles-ci vont décroitre doucement pendant 16 heures.
La température du cadavre :
Une fois sur la scène de crime, le médecin légiste prend la température du cadavre et de son environnement.
Cependant, pour remonter à l’heure du décès, il faut prendre en considération la température initiale du corps qui a pour valeur de consigne 37°C (sauf en cas d’efforts physiques intense ou d’infections, auquel cas celle ci est évidement plus importante), ainsi que la température extérieure initiale qui peut varier suivant l’heure et l’endroit.
Toutefois, le médecin légiste tient compte également du fait qu’a une température extérieure moyenne de 20°C, le corps d’un défunt refroidit et perd 1°C en moyenne par heure.
- En faisant le lien entre ces informations, le médecin parvient à délimiter une température plus ou moins précise du cadavre.
L’étude des lividités :
Suite à la morte de la victime, certaines zones du corps ont tendances à changer de couleur. L’étude des lividités repose, cependant sur l’étude de ces changements de couleurs en question.
- En effet, quelques temps après le décès, les vaisseaux sanguins s’élargissent et deviennent perméables ce qui permet alors au sang de s’en échapper et de se diriger vers le bas du corps.
- Puis, au bout de 4 heures, le sang s’entasse dans les zones du bas du corps dépourvues de pression. Lorsqu’il s’agit d’un corps allongé, le sang se concentre dans les genoux, le bassin et la nuque.
- Le sang accumulé dans ces zones entraîne une variation progressive de la couleur de la peau, qui prend d’abord une teinte rouge qui vire par la suite au violacé.
En étudiant ces lividités, le médecin légiste parvient donc à situé l’heure du décès de façon approximative ; l’heure du crime à eu lieu :
- Depuis plus de 14 heures, si la couleur de la peau est violette au niveau du corps entier.
- Depuis moins de 14 heures, si la couleur de la peau continue à varier dans les zones où le sang s’est condensé, et n’est pas complètement violette.
Dans certains cas, le médecin légiste doit faire appel à d’autres scientifiques pour approfondir son étude :
- Lorsque le décès a eu lieu depuis plus de 48h, le médecin observe sur le corps une tache de couleur verte, qui révèle la décomposition des organes. Cette dernière, apparaissant d’abord au niveau de l’abdomen finit par gagner le reste du corps tout entier. Dans ce cas, si le corps est toujours enveloppé de chair (ou tissu), le médecin légiste se doit donc de contacter un entomologiste, mais s’il ne reste que les os il doit faire appel a un paléoanthropologue.
Par le biais de toutes ces techniques, le médecin parvient à donner une fourchette d’heures plus ou moins précises environnante de l’heure exacte de la mort.
B) Dans quelles conditions le crime s’est-il déroulé ?
Après avoir délimité l’heure de la mort de la victime, les médecins légistes ont pour mission de déterminer les circonstances du crime, soit de quelle manière la victime a connu la mort : noyade, étouffement, empoisonnement, hémorragie interne ?
Les médecins légistes ramènent alors le corps à la morgue, le nettoie et le passent au rayon X. Ils se lancent alors dans une minutieuse analyse de la peau de la victime à la recherche de traces de violences quelconques. Les traces de violences que les médecins peuvent repérer sont :
Les hématomes :
Ceux-ci sont à l’origine de l’éclatement des vaisseaux sanguins qui provoque une hémorragie interne. Ils peuvent être causés par certaines violences, tel des coups violents, des chocs contre des objets durs ainsi que des chutes brutales.
à A la découverte de ces traces, le médecin légiste déduit que la personne décédée à été victime de maltraitance et de violence, ou qu’elle s’est battue violement avec quelqu’un.
Les blessures par arme blanche :
Les armes blanches sont des agents tranchants (couteaux, rasoirs, ciseaux…). Celles-ci sont capables de provoqués des plaies en sectionnant des tissus et sont à l’origine d’hémorragies externe, parfois très importantes (soit des lésions vasculaires).
à Le médecin légiste examine minutieusement l’aspect de la blessure qu’il photographie par la suite, avant de reporter les mesures qu’il a effectué sur un dessin. Ensuite, la forme de la blessure lui permettra d’identifier la nature de l’arme blanche utilisée.
Cependant, pour être à l’origine du décès, l’arme doit avoir perforé un organe. Le médecin ne pourra alors savoir si c’est le cas, qu’après avoir procéder à l’ouverture du corps.
Les blessures par arme à feu :
A la rencontre de ces blessures, le médecin légiste doit déterminer :
- La distance à laquelle se trouvait l’arme utilisée que le médecin légiste évalue par rapport aux traces de violences visibles sur la victime : brûlures sur la peau, traces de poudre autour de la blessure ou encore des poils calcinés (et ce dans le cas ou le coup de feu n’est pas donné à bout portant)
- La position de l’arme par rapport à la victime, ainsi que la direction prise par la balle suivant la provenance du coup de feu (gauche, droite, haut, bas …)
- Le déplacement de la balle à l’intérieur du corps, dont le médecin légiste suit la trajectoire pour déterminer si la blessure est mortelle et a pu donc provoqué la mort de la victime ou si ce n’est pas le cas.
Pour déterminer les circonstances de la mort, le médecin légiste commence par examiner la partie extérieure du cadavre en quête de traces de violence. Cependant, en cas d’absence de ces traces, il procède à l’ouverture du corps toujours à la recherche d’indices qui puissent l’informer sur les conditions dans les quelles la victime est morte (noyades, étouffements, arrêt cardiaque, une strangulation etc )
Conclusion
L’autopsie, n’étant pas une science exacte, la date du décès ainsi que ses circonstances seront donc déterminés avec une marge d’erreur qui est à prendre en considération. Par ailleurs, plus le décès remonte à une date antérieure, très éloigné du moment de l’autopsie, plus la précision de l’heure du décès est faible, c’est également le cas lorsque le corps est transféré à un endroit autre que celui où la victime est décédée. Ceci dit, la précision des circonstances de la mort varie en fonction de l’état du corps ainsi que des compétences du médecin légiste. Ce dernier ne doit négliger aucun indice pouvant lui servir de piste pour l’identification des suspects, il doit être attentif à n’importe quels détails présents sur la scène de crime pour que son étude aboutisse à un résultat concret pouvant illustrer les conditions dans lesquelles le crime à été commis.